Champignons, jouets, toilettes sèches… et le raton-laveur ? Synthèse du webinaire participatif sur la dynamique PLUSS dans l’Aisne et la Sambre Avesnois

Après deux webinaires dédiés au Nord et au Pas-de-Calais, cette rencontre, qui a eu lieu le 8 juillet dernier, a permis aux participants de s’approprier les balises du référentiel sur la production locale et de découvrir des initiatives diverses sur ces territoires picards.

Il ne manquait plus que le raton-laveur de la liste à la Prévert dans cette rencontre qui a valorisé des exemples concrets illustrant la dynamique PLUSS.
Ainsi Sarah Collet, responsable d’ADF 02 a-t-elle présenté la future boutique apprenante de Guise, fruit des coopérations entre son atelier Recycl’jouets, les associations Adermas et Devenir en Vermandois. Dans son site dédié à l’économie circulaire en cours de réhabilitation avec des matériaux de réemploi,  elle assure la vente de productions (jouets réemployés, articles en bois, légumes…), et emploie des salariés en insertion accompagnés et formés.

La boutique apprenante de Guise, coopérations et utilité sociale/écologique

Sarah Collet n’a eu aucun mal à illustrer la balise 7 « Agir en encourageant les coopérations » en évoquant les étroits partenariats noués entre ces 3 associations, et aussi avec le monde de l’Insertion par l’Activité Economique et les collectivités qui soutiennent cette initiative. « Sans coopérations, on n’aurait pas abouti à ce point », a-t-elle souligné.
Sur la balise 4 « Agir de manière utile socialement et écologiquement », elle a pu citer les objectifs de cette initiative : permettre à des personnes de remettre un pied dans l’emploi, à des familles d'accéder à des légumes et à divers articles à prix modeste, mettre en place des ateliers de loisirs créatifs avec les enfants autour des jouets et de la récup’... Côté écologie, elle a pu pointer l’intérêt de vider les déchetteries de jouets encore utilisables. Par ailleurs, le bâtiment pourra également devenir un lieu d’animation pour des projets d’économie circulaire.

recycljouets.wordpress.com
 

 

boutique apprenante de Guise
Gink’oop, incubateur de projets

Le deuxième exemple présenté était celui de Gink’oop, SCOP de vente et de location de toilettes sèches pour festivals, basée à Saint-Gobain, dont les fondateurs sont à l'origine du festival de musiques actuelles « Les vers solidaires ». Avec 10 Equivalent temps plein, celle-ci a été le lieu d’incubation d’autres projets, comme cette boulangerie ou cette épicerie bio et local qui ont ensuite pris leur envol. C’est la balise 12 « Agir sur l’ensemble des chaînes de valeur et tous les secteurs d’activités » que cette entreprise a illustrée. « Nous travaillons en local avec les fournisseurs de bois, les produits écologiques, l’énergie (par le biais d’Enercoop)…, a indiqué Yvain Brochot, l’un des salariés. Nous essayons d’agir sur toute la chaîne de façon responsable. »
Sur la balise 10 « Agir pour redonner au travail sa valeur véritable », dans un schéma peu classique, l’entreprise fonctionne sans liens hiérarchiques et avec peu d’écarts de salaires. Par ailleurs, « sur un métier difficile, la gestion des toilettes, il est d’autant plus important que tout le monde soit impliqué. On le fait dans la joie et il y a de la solidarité entre les salariés. »

ginkoop.coop
 

gink oop
ChamPicarde, écologie et pouvoir d’agir

Quant à ChamPicarde, cette entreprise de production de champignons bio a été accompagnée par la Nef dans son développement. Basée à Crécy-sur-Serre au nord de Laon, elle embauche 80 personnes en CDI. Ayant noué des partenariats avec des agriculteurs locaux, elle échange son compost de champignons contre de la paille. En outre, en cas de surproduction de champignons frais, ceux-ci sont déshydratés et transformés en chips ou donnés aux Restos du cœur.
Pour illustrer la balise 1, « Agir pour redonner de l’autonomie et du pouvoir d’agir », Philippe Mares, le directeur général, a cité l’embauche de jeunes peu diplômés et de personnes en situation de handicap que l’entreprise forme et fait monter en compétences. « Ici, nous misons sur la qualité. Chacun est responsable, chaque décision est prise à l’échelle la plus basse possible, a-t-il indiqué.
Concernant la balise 8 « Agir pour maîtriser les outils de production », l’entreprise investit sur le long terme dans le respect de l’environnement. « Nous faisons travailler des entreprises locales qui ont adapté les chambres froides afin de réduire les déperditions d’énergie. Et la désinfection des salles se fait de manière thermique. »

champicarde.fr

champicarde
Des coopérations poussées et un travail de plus en plus riche

Dans une synthèse finale, Luc Belval, Président de l’Apes, a souligné les points communs entre ces trois entreprises très différentes qui sont menées dans une démarche globale, écologique, et un souci de cohérence à tous les niveaux. « Toutes trois misent sur des coopérations poussées pour se développer, a-t-il noté. Décloisonnées, elles inventent un développement plus maîtrisé, qui se construit à plusieurs. » Pour lui, cette façon de faire modifie le travail salarié : « De plus en plus riche, il est incité à être créatif, à se remettre en question. »
Reste à imaginer un outil pour mesurer la performance sociale, écologique, participative… de ce type d’entreprise « confrontée à des difficultés à valoriser ses apports à la société. »

L’assemblée a été appelée à rejoindre les ambassadeurs de la PLUSS, comme François Blas, du collectif Parasites, afin de poursuivre la dynamique Production locale au travers d’événements à organiser sur les territoires, en identifiant et en valorisant les bonnes pratiques, avant d’améliorer, capitaliser et essaimer en 2022.